Le Musée Africain vous invite à la
découverte de nouveaux horizons
INVITATION
À LA LECTURE
par Michel Bonemaison ex-Directeur du Musée Africain
LA
CHANSON DU MORTIER
Michel Bonemaison Directeur
Musée Africain Lyon 14 février 2009
VOUDUN
ET DESTINÉE HUMAINE de
Pierre Saulnier
SMA
Sociétè des Missions Africaine
Maïra
Muchnik
« Le tango des Orixàs »
Les religions afro-brésiliennes à Buenos-Aires
Religions en questions
L’Harmattan 2006 / 285 pages
AFRICA
TREK
Par Sonia et Alexandre Poussin
« 14.000 kilomètres dans les pas de l’homme »
Tome 1 du Cap au Kilimandjaro
Robert Laffont Janvier 2004. 448 Pages
Tome 2 du Kilimandjaro au lac de Tibériade
Robert Laffont Août 2007. 580 Pages
TERRE
D'ÉBÈNE (La traite des Noirs)
Albert Londres
LES
SERRASINS Editions
Champs/Flammarion, octobre 2006, 473 pages LESAINT CHEZ LE SULTAN
Editions du Seuil, septembre 2007, 520 pages
Par John Tolan
PAROLES
DE MASQUES
Un regard africain sur l’art africain
Alphonse Tierou
VIE
DE TOUSSAINT LOUVERTURE
Par Victor Schoelcher
Introduction de Jacques Adélaïde-Merlande
Karthala 1982
455 pages 29€
CHRISTIANISME
ET TRAITE DES NOIRS
Roger Buangi Puati
Editions Saint-Augustin 2007 CH
399 pages 28€
DIFFUSION
ET ACCULTURATION DU CHRISTIANISME (XIX°-XX°s.)
Vingt cinq ans de recherches missiologiques par le CREDIC (Centre
de Recherche sur la Diffusion et l'Inculturation du Christianisme)
Directeur Jean COMBY collection mémoire d'Églises
690 pages KARTHALA 2005
RUCAO Revue de l'Université Catholique de l'Afrique de
l'Ouest
08 BP 22 ABIDJAN 08 RCI n° 25 / 2005
ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT HUMAIN
THEO
PHI LYON
La Revue des facultés de Théologie
et de Philosophie de l'Université catholique de Lyon
Tome X Vol. 2
L’Afrique
au secours de l’Occident,
par Anne-Cécile Robert.
Préface de Boubacar Boris Diop
Les éditions de l’Atelier Paris 2004.
LA CHANSON DU MORTIER
Mortier, toi qui présides au sein de la cuisine, te souviens-tu
que pour ta conception l’homme devient bûcheron ? Il choisit
un bel arbre au tronc régulier, au fût majestueux. Pour
pouvoir l’acquérir, quelle belle prière peut sortir
de son cœur, adressée aux puissances invisibles protectrices
de la forêt !
Le vent harmattan souffle fort, le moment de la coupe arrive, le temps
est propice car la sève se repose. Accroupi, le bûcheron
offre la noix de kola, il la partage, il en donne à la terre
et en consomme un peu. L’oblation favorise l’harmonie ;
l’homme qui sollicite et la nature qui comble ne font plus qu’un
maintenant. D’elle il reçoit la bénédiction
et la permission d’abattre celui de qui tu nais.
La hache et le coupe-coupe entament, abattent, tronçonnent. Enfin
le bûcheron devient sculpteur. Quelle patience, quel amour ! Les
copeaux volent. Lorsque ton pied prend forme la stabilité est
assurée. Le galbe du fût est parfait. Il évide son
sommet, cette béance se révèle être un réceptacle.
Ah ! Si mortier pouvait parler.
Oui, tu peux parler, chanter même, car les mains de ton créateur
continuent la métamorphose du bois. Il façonne un long
bois, rigide et boursouflé aux deux extrémités.
Celui qu’il t’adjoint ainsi participe à ta vocation,
on le nomme pilon. Dans certaines cultures il est ton enfant selon le
même principe que la pierre qui écrase est la fille de
celle qui accueille les condiments. Pour d’autres il est ton époux,
mais toujours le duo est évocateur d’harmonie, de complémentarité.
L’un et l’autre vous vivez une alliance qui met ta féminité
en œuvre. N’es-tu pas le réceptacle des aliments qui
te sont confiés ; tu es le creuset de leur transformation pour
la vie des hommes. Epluché, coupé en morceaux puis bouilli,
la ménagère dépose en ton sein l’igname qui
pilé devient pâte. Tu es aussi le réceptacle qui
reçoit les céréales ; sous l’effet du pilon
elles se changent en farine.
Mortier, autour de toi s’affairent les ménagères.
Une, deux, trois, la ronde est engagée ; le ballet des pilons
s’active. Un air de fête paraît quand la cadence est
marquée qui par les mains frappées ou le pilon cogné
sur ton flanc. La cadence, le rythme, binaire, ternaire tout à
la fois ! Les céréales, les voilà moulues pour
la nourriture de tous ; la vie de la famille, tu la chantes, tu en clames
cette autre dimension qu’est la communauté dans le labeur.
Tu le signifies à nouveau dans le silence lorsque couché
sur le flanc dans la cour de la maisonnée tu attires le regard
du parent, du passant : « l’un des vôtres s’en
est allé !». Un jour ton tour arrive, à toi d’aller
aussi, jusqu’à la tombe. Brisé en morceaux, tu accompagnes
l’une ou l’autre dans la terre ou fiché sur le tumulus
qui recouvre sa dépouille. Là encore tu témoignes
de ce compagnonnage que fut ta vie au milieu des humains.
De ce qu’elle est encore, car ces « reliques » continuent
de parler, les vergetures de ton fût brisé sont éloquentes,
elles disent les saisons, les années qui se sont écoulées.
Malgré le temps qui, dit-on, efface tout, des sculptures demeurent
lisibles. Elles ornaient le mortier qu’utilisaient les femmes,
les invitant par leurs symboles à élever leur pensée
au-delà de leur activité ménagère, vers
les ancêtres à qui elles devaient leur savoir-faire, vers
Celui dont elles partageaient le souci de nourrir la famille.
Elles ornaient le mortier, elles sont encore là, toujours là
interpellant celui qui passe ; par elles tu raisonnes encore et encore,
tu nous parles toujours, le son de ton flanc martelé, pilonné,
le rythme et la cadence font vibrer à jamais ceux que tu rassasiais.
Oui mortier, tu sais parler, ton langage est celui de l’éternité.
Michel
Bonemaison Ex
Directeur Musée Africain Lyon 14 février 2009 - Appel de l'Afrique septembre 2009
Invitation à la lecture sur le thème du Vodun :
Je recommande vivement la dernière parution de Pierre
Saulnier
VOUDUN
ET DESTINÉE HUMAINE
Le
vodun : monde nébuleux pour l'étranger, monde qui sent
facilement le soufre, la magie, la sorcellerie, le maraboutage, pour
ne pas dire plus. On le situe en Haïti, où les esclaves
l'ont amené avec eux et où il a pris l'appellation de
vaudou, mais on sait moins que ceUe religion a été élaborée
sur la Côte du Golfe de Guinée au Bénin en pays
fan, gun ou adja, et en pays yoruba (au Nigéria surtout) sous
le nom d'onsba. Au Brésil, il est à l'origine du candomb/éparmi
d'autres rites.
Mais qu'en est-il réellement au Bénin? L'auteur part de
la littérature orale, les contes et les mythes, avec une prédilection
pour les noms individuels des personnes, imposés soit à
la naissance, soit au moment de la consécration des initiés
à ces cultes. A partir des termes mêmes des langues fon
et gun, il s'agit de définir les divers éléments
du monde invisible, avec lequel l'être humain vit quotidiennement
en symbiose, c'est-à-dire Dieu, la Mort, les ancêtres,
la divination, les charmes, les différents vodun ... ; de définir
les relations entre ce monde invisible et les hommes, et la place que
chacun occupe dans la réalisation de la destinée, de mettre
en relief les sentiments des intéressés, enfin, de voir
à quels besoins ce culte continue de répondre en Afrique,
en Amérique, et en France même où maintenant il
émigre. Un essai pour y voir plus
clair.
TABLE
DE5 MATIERES :
Système de transcription
Notes orthographiques et typographiques
Cartes
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE MElO : L'HOMME NAÎT
1. La naissance et l'au-delà
2. Ahoxo : les naissances gémellaires
DEUXIEME PARTIE L'EXISTENCE TERRESTRE
1. MêkonFo : la divination
2. Mêwobô : le charme
3. Mêsonvo : le sacrifice
TROISIEME PARTIE MEKU : L'HOMME MEURT
1.
La mort et les noms de naissance
2. Les rituels funéraires
3. Les obiku
QUATRIEME PARTIE MEZUNVÔDUN :
LA PERSONNE DEVIENT VÔDUN
1. L'organisation des cultes vodun
2. Sokpoto, la Terre
3. Don, l'intermédiaire
4. Hunvê, la fécondité
5. Lêgbo, le contestataire
CONCLUSION
Bibliographie
Glossaire
(245 p., 2 cartes, format AS, Société des Missions Africaines,
Paris, 2009)
PIERRE SAULNIER, prêtre des Missions Africaines
de Lyon, a séjourné de 1962 à 1975 au Bénin
(alors le Dahomey), plus spécialement à Porto-Novo et
Adjohoun. En 1976, il a obtenu le diplôme de l'Ecole des Hautes
Etudes en Sciences Sociales à Paris avec une étude sur
les noms de naissance en milieu gun de Porto-Novo, et en 1977, le doctorat
de 3ème cycle avec une étude sur le vôdun Dan intitulée
« Le meurtre du vôdun Dan ».
Pour vous procurer cet ouvrage:
Remplir ce coupon (en lettres majuscules) et le renvoyer à :
PIERRE SAULNIER 11 rue CRILLON 75004 PARIS
Tél: 01.44.54.33.34. Fax: 01.44.54.33.30.
e-mail: [email protected]
Prix de vente: 20 euro l'unité, franco de port.
Voici
la page 4° de jacquette du livre VODUN ET DESTINEE HUMAINE :
Le vodun : monde
nébuleux pour l'étranger, monde qui sent facilement le
soufre, la magie, la sorcellerie, le maraboutage, pour ne pas dire plus.
On le situe en Haïti, où les esclaves l'ont amené
avec eux et où il a pris le nom de vaudou; mais on sait moins
que cette religion a été élaborée sur la
Côte du Golfe de Guinée au Bénin en pays fon, gun
ou adja, sous ce nom, et en pays yoruba (au Nigéria surtout)
sous
celui d'orisha. Au Brésil, il est à l'origine du candomblé
parmi d'autres rites.
Mais qu'en est-il réellement au Bénin? L'auteur part de
la littérature orale, les contes et les mythes, avec une prédilection
pour les noms individuels des personnes, imposés soit il la naissance,
soit au moment de la consécration des initiés à
ces cultes. A partir des termes mêmes des langues fon et gun,
il s'agit de définir les divers éléments du monde
invisible, avec lequel l'être humain vit quotidiennement cn symbiose,
c'est-à-dire Dieu, la Mort, les ancêtres, la divination,
les charmes, les différents vodun ... ; de préciser les
relations entre ce monde invisible et les hommes, et la place que chacun
occupe dans la réalisation de leur destinée, de mettre
en relief les sentiments des intéressés, enfin, de voir
à quels besoins ce culte continue toujours de répondre
en Afrique, en Amérique, et en Europe même où maintenant
il émigre.
Un essai pour y voir plus clair.
PIERRE SAULNIER
le
pdf de la couverture du livre
Ensuite je viens d’apprécier réellement le livre
suivant deMaïra
Muchnik
« LE TANGO DES ORIXÀS»
Les religions afro-brésiliennes à Buenos-Aires
Religions en questions
L’Harmattan 2006 / 285 pages
Ayant
vécu il y a 20 ans à Cordoba en Argentine, je retrouve
très bien dans cette analyse sociologique ce que je voyais en
germe tant dans les milieux universitaires que au sein des communautés
humaines que je fréquentais à la périphérie
de la ville. Avec l’auteur, il est des plus révélateurs
de constater que le paysage socio-religieux est en pleine évolution
; il le doit à une dimension nouvelle et étrangère
celle du vaudou venu de chez le voisin brésilien.
Je ne soulignerais que quelques-uns de éléments qui me
paraissent très forts, en particulier à la lecture de
la deuxième partie : entrer en religion.
- le fond commun qui est le catholicisme populaire.
- les différentes influences : le New Age, la parapsychologie
et la psychothérapie, le pentecôtisme et les évangélismes.
- j’ajoute qu’il faudrait prendre en compte la montée
en puissance des mouvements conservateurs au sein des vieilles communautés
chrétiennes.
Tout cela m’amène à interpeller les théologiens
sud-américains. Il y a dans cet ouvrage de nombreux points de
repère à prendre en compte pour un renouvellement de l’analyse
de la pensée religieuse et de la pratique pastorale. Prolonger
une telle étude socio-culturelle par la mise en exergue de la
dimension de la dynamique spirituelle et théologique serait une
réflexion des plus enrichissantes.
Michel
Bonemaison
Ex Directeur Musée Africain Lyon le 3 avril 2009
AFRICA
TREK
Par Sonia et Alexandre
Poussin
« 14.000 kilomètres dans les pas de l’homme »
Tome 1 du Cap au Kilimandjaro
Robert Laffont Janvier 2004. 448 Pages
Tome 2 du Kilimandjaro au lac de Tibériade
Robert Laffont Août 2007. 580 Pages
De ce périple
assez extraordinaire je veux souligner la qualité du regard
que les auteurs portent sur ceux qu’ils rencontrent. En cheminant
aussi longtemps leur attention ne faiblit jamais malgré les
difficultés de la route. Le souci de Sonia et Alexandre Poussin
est réellement soutenu, toute occasion leur est bonne pour
rencontrer leurs semblables, hommes de partout et de toutes conditions.
La condition sine qua non est qu’ils acceptent de se laisser
rencontrer eux aussi, et souvent leur intimité elle-même
est lise à rude épreuve.
Des épreuves il n’en manque pas non plus sur la route,
celles de la fatigue, de la faim de la soif, des étendues sans
vie, mais aussi celles des refus d’accueillir dans certaines
localités, voire même des attitudes malintentionnées
à l’égard de l’étranger.
Des joies il en abonde et ils savent aussi les partager nombreuses
avec leurs lecteurs. Les gens et les pays qu’ils rencontrent
ont un nom, une histoire, tout comme les peuples dont ils traversent
le territoire. Ces récits sont truffés d’anecdotes
savoureuses et vivifiées par le respect et l’amitié
réciproques. Ces lignes sont aussi précieuses par la
richesse et la précision des informations tant au niveau de
l’histoire, de la géographie, de l’archéologie,
sans parler des merveilles de la nature esquissées dans la
présentation des paysages.
Je n’oublie pas les autres valeurs culturelles portées
par la réflexion philosophique des auteurs ; celles en particulier
sur l’origine de l’homme, le sens de ses relations au
plan social, international, et évidemment dans cette éminente
dimension de la spiritualité ; les rencontres des peuples par
le commerce, la conquête des uns sur les autres, le choc des
civilisations, mais aussi la richesse de l’apport réciproque
des cultures et des religions.
On retrouve la qualité des grands journalistes.
J’invite tous les amoureux de l’Afrique à revivre
de ces pages sa rencontre avec des peuples attachants. 1000 pages
ce n’est rien, 14.000 kilomètres c’est un exploit,
le pèlerinage en vaut la peine. Heureuse détente !
Michel Bonemaison
Lyon le 31 mai 2008
L’auteur : Albert LONDRES
Terre d’ébène
(La traite des Noirs)
Albin Michel éditeur 1929, 268 pages. Réédition
2007 dans la collection « Motifs » n° 8.
Le Chemin de Buenos Aires (La traite des Blanches).
Réédition 2007 dans « Motifs » n° 16.
Tour de France, tour de souffrance. Réédition
2007 dans « Motifs » n° 37.
Chez les fous. Réédition 2007 dans «
Motifs » n° 44.
Je viens de relire avec plaisir ce bel ouvrage qui dénonce la
« traite des noirs » : Terre d’ébène.
Le style est si engageant et le sérieux de sa quête est
tellement confirmé que j’ai aimé continuer à
me laisser guider par ce grand journaliste du début du XX°
siècle.
Il dénonce clairement, parce qu’il enquête de façon
minutieuse ; il s’investit réellement, ne laissant rien
au hasard. Ses récits sont aussi son épopée, il
raconte ses rencontres!
Ainsi c’est de la souffrance humaine qu’il parle et, page
à page, on entend sa plaidoirie en faveur de tous ceux-là
qui sont exploités (les Noirs, les Blanches, les Sportifs) ou
dont la société veut se protéger (les fous, les
bagnards, les prisonniers).
Beaucoup d’autres titres sont maintenant réédités,
je me donnerai quelque loisir pour aller les apprécier.
Michel Bonemaison 17 décembre 2007.
L’auteur :John TOLAN est professeur d’histoire
médiévale à l’Université de Nantes.
Les Sarrasins Editions Champs/Flammarion,
octobre 2006, 473 pages. Le Saint chez le Sultan Editions
du Seuil, septembre 2007, 520 pages.
La science de l’Histoire permet de remettre à plat, avec
exactitude, ce qu’ont été les relations entre le Christianisme
et l’Islam. L’auteur, dans un style facile pour la lecture,
met bien en exergue tous les tenants et aboutissants du contentieux qui
dès les origines entravent, voire interdisent, la sérénité
des relations. Les Sarrasins : conquête, menace, imposition de
la loi musulmane ; sentiment de supériorité de la part des
occidentaux. Finalement ne s’agit-il pas d’une guerre idéologique
qui perdure jusqu’à nos jours depuis le Moyen-âge ?
C’est aussi l’histoire des deux ordres mendiants Franciscains
et Dominicains avec leurs grands hommes et la diversité de leurs
approches. Le Saint chez le Sultan : L’évènement
de Damiette est-il ce moment clé qui, avec François, a porté
les espérances du monde Chrétien ? Le Sultan est présenté
comme aussi accueillant que possible à l’égard de
François et de son projet « pastoral ». C’est
une très belle étude de la conscience des frères.
C’est aussi un panorama des représentations tant littéraires
que artistiques d’un message sans cesse en évolution, voire
en ébullition ; il nous amène jusqu’à Assise
avec Jean-Paul II.
Michel Bonemaison. 17 décembre 2007
PAROLES DE MASQUES Un regard africain sur l’art africain
Par Alphonse Tierou
Secrétariat
de A. Tierou
9 allée des Vergers Boîte 24
75012 PARIS
tél 01 44 73 42 01
fax 01 44 73 49 91
24€
L’ouvrage
Pour la première fois, un regard africain est porté, de
l’intérieur, sur la culture des Masques et sa production
artistique. Tandis que la Côte d’Ivoire renoue avec la paix,
ce livre fixe par écrit le patrimoine de la civilisation orale,
mis en péril par quatre années de guerre. Paroles de Masques nous révèle un univers méconnu
:
- Le Masque africain : Au-delà de la pièce
de bois, œuvre d’art, il s’agit d’une institution
dotée de fonctions politiques et juridiques, spirituelles, philosophiques,
artistiques et pédagogiques.
- Vocation démocratique : L’institution
des Masques renferme la matrice de ce qu’aurait pu être
une démocratie véritablement africaine. Elle respecte
les débats contradictoires, la liberté d’opinion
et de croyance, et octroie, aux femmes, les mêmes responsabilités
qu’aux hommes. Aux côtés des hommes et des femmes
porteurs de masque, des contre-pouvoirs et des garde-fous préviennent
la monopolisation du pouvoir par quelques-uns.
- Dimension spirituelle : Les Masques, qui s’interdisent
le prosélytisme, croient en un Dieu unique. L’anonymat
des porteurs de masque empêche les dignitaires de s’identifier
au divin. Car le Masque est hors propriété humaine.
- Conception africaine de l’art : Les Masques sont associés
à une production artistique qui fait la renommée de l’Afrique
dans les musées et les galeries d’art. Mais l’interprétation
qui est faite de cet art répond, le plus souvent, aux canons
du naturalisme, qui vise à imiter la nature. Un concept étranger
à la culture africaine. L’artiste africain a pour mission
d’enrichir la nature, ce qui lui offre une infinie liberté
de création.
- Musée du quai Branly : L’ouvrage porte
un regard original sur ce musée et son action pour le dialogue
des cultures. Il émet aussi une proposition innovante pour un
grand musée des arts africains.
L’auteur
Chercheur- chorégraphe, auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages
qui sont autant de références dans le domaine des arts
et de la culture d’Afrique, concepteur et auteur de grandes expositions
scientifiques et artistiques dont De la danse à la sculpture.
Un nouveau regard sur l’esthétique africaine accueilli
en 2000 par le musée de l’Homme à Paris ; ou Masques
d’Afrique présidée par Léopold Sedar Senghor
en 1986 à Nîmes Alphonse Tierou est issu d’une famille
de grands chefs traditionnels, ‘‘héritière’’
des Masques de sagesse de l’Ouest africain. Il est aussi l’inventeur
du premier vocabulaire chorégraphique de danse africaine. Ses
travaux ont notamment abouti au lancement, en 1995, des Rencontres de
la Création chorégraphique panafricaine, transformées
en biennale par CulturesFrance (ex-AFAA), et à la Poétique
de la danse africaine, qu’il enseigne à Paris.
Je viens de rencontrer
l’auteur et j’ai eu le bonheur de partager longuement avec
lui ; il m’autorise à publier sa page de communiqué
de presse que vous venez de lire. Commandez-lui son livre il vous le
dédicacera. En le lisant vous découvrirez un peu mieux
la pensée des « passeurs » que nous essayons d’être,
convaincus que l’avenir, s’il est gros du passé,
ne peut être que construit par ceux qui vont de l’avant
et ne ressassent pas sans cesse ni les frustrations ni les culpabilités.
Michel Bonemaison Ex Directeur du Musée Africain
13 mars 2008.
Sur le thème de l’esclavage : deux livres et un troisième. Depuis que l’homme existe il met en œuvre tout ce
qui lui permet de survivre. Il le fait au sein de sociétés
et chacune de ces entités organise le travail à sa manière.
Evidemment la répartition des tâches tient compte des capacités
et des savoir-faire de chacun ce qui explique une différenciation
dans les rythmes et les responsabilités.
Mais ! Il y a un mais, qui, pour faire bref, est du à la cupidité
et à la manipulation. Ce mais, à en croire l’histoire,
aboutit au mépris de l’humain et à l’esclavage
; l’esclavage organisé et systématique engendre
la traite.
De temps en temps le sens de l’humain se révolte et des
voix prophétiques se lèvent dénonçant cette
mainmise des uns sur les autres.
Michel
Bonemaison Ex Directeur du Musée Africain
Je vous livre le compte-rendu de mes trois dernières lectures
sur le sujet :
VIE DE TOUSSAINT LOUVERTURE
Par Victor Schoelcher
Introduction de Jacques Adélaïde-Merlande
C’est une réédition d’un ouvrage fondamental
publié pour le centenaire de la révolution française,
sur la révolte des esclaves d’août 1791 dans la partie
ouest de l’île de Saint-Domingue.
L’auteur Victor Schoelcher 22 juillet 1804 - 25
décembre 1893 est un des personnages phares de la lutte contre
l’esclavage. Il connaît fort bien l’esclavage au point
d’être le maître d’œuvre de la loi de l’abolition
en 1848, après une lutte acharnée de plus de vingt années.
Il permet ainsi aux Noirs de devenir citoyens de la République
Française. Après 1848, Victor Schoelcher continue sa vie
politique. Il est élu député de la Martinique et
devient même sénateur.
Sa Vie de Toussaint Louverture est une historiographie des
plus passionnantes. Excellent historien, il sait utiliser les textes
officiels en les mêlant aux évènements clés
de la vie de ce personnage fabuleux, libérateur de son peuple.
« Toussaint Louverture, l’un des leaders de la révolte
des esclaves, va dominer cette période. Promu général
de l’armée française de par son ralliement à
une république abolitionniste, il bat les Anglais qui avaient
tenté de s’emparer de l’île. Puis il organise
le pouvoir noir et devient, vers 1800-1801, le véritable maître
du pays. … Mais au mépris de la parole donnée, Louverture
sera arrêté et transporté en France. Il y meurt
en 1803 au Fort-de-Joux (Jura). » (Page 4 de couverture)
Mots clé : histoire - esclavage -
traite des noirs - abolition de l’esclavage.
CHRISTIANISME ET TRAITE DES NOIRS
Roger Buangi Puati
Dans son propos l’auteur essaie une distinction entre la notion
d’esclavage et la réalité de la traite des noirs.
Une telle réflexion est loin d’être négligeable.
Ses repères historiques assez communs sont présentés
d’une manière personnelle qui interpelle. Leur rappel revêt
aussi l’intérêt de préparer la seconde partie
de l’ouvrage qui, à mon sens est fort originale et des
plus pertinentes : « aspects théologiques, philosophiques
et anthropologiques de l’esclavage et de la traite des noirs ».
J’apprécie en particulier son retour à la pensée
de plusieurs Pères de l’Eglise ainsi que sa relecture du
siècle des « Lumières ».
Ce frère d’origine africaine invite à « ne
pas nous tromper de cible, au risque de dévoyer le sens de notre
combat : notre adversaire n’est pas l’homme blanc, mais
son système humiliant. La reconnaissance de l’humain
en tant que sujet de droits est une exigence impérative pour
notre continent qui est le berceau de l’humanité.
» (Perspectives politiques et spirituelles page 348)
L’auteur : « Premier pasteur noir consacré
dans l’Eglise évangélique réformée
du canton de Vaud, en Suisse, Roger Buangi Puati est licencié
en théologie de l’Université de Genève et
exerce son ministère pastoral à Lausanne. Il est chargé
de cours à l’Ecole d’Etudes Sociales et Pédagogiques
de Lausanne, spécialement sur les questions de racisme liées
au travail social ». (Page 4 de couverture)
Mots clé : histoire - théologie -
patrologie - philosophie - esclavage - traite des noirs.
LE GENOCIDE VOILE
Tidiane N’Diaye
On parle de plus en plus de l’esclavage des noirs par le monde
arabo-musulman qui existe depuis pratiquement la naissance de l’Islam.
Il est bon de faire le point avec quelqu’un de compétent.
Tidiane N’Diaye est anthropologue et économiste ; l’auteur
n’en est pas à son premier ouvrage sur le sujet des civilisations
négro-africaines. Nous pouvons faire confiance à son analyse
et son discernement.
Je transcris seulement le 4° de couverture de cet ouvrage le
génocide voilé que je suis en train de lire avec
beaucoup d’intérêt :
« Les arabes ont razzié l’Afrique subsaharienne pendant
treize siècles sans interruption. La plupart des millions d’hommes
qu’ils ont déportés ont disparu du fait des traitements
inhumains.
Cette douloureuse page de l’histoire des peuples noirs n’est
apparemment pas définitivement tournée. La traite négrière
a commencé lorsque l’émir et général
arabe Abdallah ben Saïd a imposé aux Soudanais un accord,
conclu en 652, les obligeant à livrer annuellement des centaines
d’esclaves. La majorité de ces hommes était prélevée
sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ
d’une énorme ponction humaine qui devait s’arrêter
officiellement au début du XX° siècle ».
Mots clé : histoire - économie -
esclavage - génocide - traite des noirs
Un livre qui vient d'arriver sur mon bureau est pour moi l'occasion
de proposer un élément, non pas de réponse, mais
d'information et ce dans un domaine précis, celui de l'histoire.
L'une des questions qui me sont posées de manière récurrente
aborde la dimension spirituelle par le biais des relations inter religieuses.
Et il m'est souvent demandé : "Pourquoi sommes-nous allés
chez eux avec nos religions ?"
Le livre pour lequel je sollicite votre attention ne répond pas
au pourquoi mais, beaucoup plus formateur, au comment; il analyse les
faits : projets, mises en œuvre, erreurs, réussites, réception,
refus, espérances … Michel Bonemaison Ex Directeur du Musée Africain
Il
est intitulé :
DIFFUSION ET ACCULTURATION DU CHRISTIANISME (XIX°-XX°s.)
Vingt cinq ans de recherches missiologiques par le CREDIC
Directeur Jean COMBY collection mémoire d'Églises
690 pages KARTHALA 2005
Africain, Américain, Asiatique, Européen ou Océanien,
chacun des auteurs est chercheur ou / et universitaire et souvent auteur
de un ou plusieurs ouvrages. Parmi les occidentaux beaucoup ont vécu
et travaillé dans les pays dont ils traitent.
"Le CREDIC, (Centre de Recherche sur la Diffusion et l'Inculturation
du Christianisme) est né à Lyon en 1979… Composé
de membres de différentes confessions chrétiennes, de
missionnaires et d'universitaires le CREDIC inscrit ses activités
dans une perspective scientifique qui rejoint les préoccupations
d'autres historiens…"
Je citais ce passage de la jaquette pour dire le sérieux de cette
parution et l'outil qu'il peut être au service de ceux qui désirent
appréhender un élément de la rencontre historique
de l'occident parti à la conquête de l'Afrique …
et se demander en quoi et comment peut être vécu aujourd'hui
la rencontre des populations devenues de part et d'autres très
mobiles.
Les thèmes abordés sont répartis en 40 chapitres
regroupés sous trois parties.
1 - exigence des sciences de la mission.
2 - lieux et pratiques de la mission.
3 - mutations et déplacements des missions aux Églises.
Au vu de la compétence de chacun des auteurs, on conçoit
aisément qu'un tel ouvrage touche à des disciplines complémentaires
et que les textes revêtent des styles assez différents.
L'ensemble donne une étude qui m'a réellement captivé.
Je vous en souhaite autant si vous aviez envie de vous lancer dans l'aventure
de cette lecture.
RUCAO
Revue de l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest
Professeur de lettres modernes Antoine Kokou OGAWIN propose une synthèse
de son étude des romans écrits par des occidentaux sur
l'Afrique et qu'il intitule: "Le milieu naturel africain et le
mythe de l'afro-pessimisme dans les romans français".
S'il parle de stéréotypes il signale que ses investigations
portent sur une diversité d'auteurs, pendant des époques
différentes et dans un espace africain très vaste. Son
projet est de montrer que "le milieu naturel africain présente
des atouts susceptibles de déclencher le développement
économique, moteur de l'évolution des peuples dits civilisés".
Mais il faut aller à contre-courant de ces clichés qui
ne font pas du "Noir d'Afrique un homme" et pire ont désigné
l'Afrique comme "riche en matières premières"
, "terre de convoitises pour la métropole".
Le critique littéraire note aussi la médiocrité
de l'homme blanc qui souvent occupent des responsabilité se prenant
pour supérieur au Noir qu'il commande. Et Monsieur Ogawin de
conclure "Il reste à relever que ce qui fait cruellement
défaut à l'homme noir d'Afrique, dans les romans que nous
avons étudiés, est l'intelligence, la raison mais aussi
la volonté, le courage et l'audace de dominer par lui-même
et par le travail, son milieu naturel de vie, pour en faire un véritable
'jardin d'Eden'."
Il me paraît souhaitable que nous prenions en compte la pensée
de ces hommes qui nous font l'honneur de nous communiquer, aujourd'hui
dans notre langue, leur analyse sur ce qui a pu être dit et écrit
à leur sujet. Le dialogue prend forme et ainsi une ère
nouvelle peut s'ébaucher et si cela est déjà engagé
réjouissons-nous du progrès ainsi signifié.
C'est dans ce sens que j'ai poursuivi la lecture des articles sur Rapports
de l'homme à son milieu, et Développement", de Zacharie
Bèrè, professeur de philosophie et de E.F. Bedjra théologien.
Les autres articles de la revue sont sur 'Penser le Développement'
et 'Sortir du sous-développement', que je recommande aussi à
votre lecture. Michel Bonemaison Ex Directeur du Musée Africain
THEO PHI LYON
La Revue des facultés de Théologie
et de Philosophie de l'Université catholique de Lyon.
Propose une lecture du CHRISTIANISME DANS LES CULTURES avec
- un regard d'historien sur l'inculturation par Claude Prudhomme, Université
Lyon 2.
- l'Universel chrétien chez les pères de l'Église
par M.Fédou, du Centre Sèvres
- Lucien Legrand, exégète, étudie l'Universel Biblique
du point de vue indien.
- La question de l'Universalité chrétienne entre Occident
et Orient par Agnès Kim Mi-jeung.
ce qui peut nous amener à prolonger notre propre réflexion
sur la notion d'inculturation en Afrique et faire le point sur la réalité
de l'enrichissement de la rencontre des cultures pour l'Afrique et pour
l'Occident. Michel Bonemaison Ex Directeur du Musée Africain
Un dossier de lecture facile offert par la revue Croire
aujourd'hui éditée par les éditions Bayard N°
198 du 1° au 21 octobre (4€50) ESPERANCES AFRICAINES
- Au quotidien l'art de s'en sortir quand même
par le journaliste camerounais Jackson Noutché Njiké.
- L'Afrique doit devenir sujet de son histoire par l'historien Burkinabé
Joseph Ki-Zerbo.
- La montée en puissance des religions par Eric de Rosny jésuite
français au Cameroun.
Michel Bonemaison Ex Directeur du Musée Africain
L’Afrique au secours de l’Occident
Réflexion sur le livre de Anne-Cécile Robert.
Une double question préside à l’étude des
plus pertinentes de Anne-Cécile Robert " journaliste au
Monde diplomatique et professeur associée à l‘institut
d‘études européennes de l’université
Paris 8 " :
- Et si c’était l’Occident, et non l’Afrique,
qui avait besoin d’aide ?
- Et si c’était au continent africain de venir au secours
de l’Occident ?
Chapitre 1 : UN MIROIR DE L’OCCIDENT
Citant un chef de village du sud ouest du Mali, l’auteur situe
au mieux le problème de la diversité qui à l’image
de la réalité des Africains chez eux est celle de la prétention
des Occidentaux à agir chez les autres, en l’occurrence
chez les Africains : " Notre problème en Afrique, ce sont
les différentes ethnies qui ne parlent pas la même langue
: nous avons la Banque mondiale, de la Coopération, le Fonds
monétaire international, l’UsAid … " p.27.
Concluant son chapitre avec pour sous-titre : le monde occidental poussé
à l’absurde l’auteur constate : " L’Afrique,
par la domination dont elle est victime et le décervelage qui
lui est imposé, montre mieux que tout autre continent l’inanité
du monde mondialisé autour des valeurs de l’Occident capitaliste.
Elle s’y trouve embarquée malgré elle et largement
contre elle…. " p.53.
Chapitre 2 : MAUDITS SOIENT LES YEUX FERMES
Il devient urgent que l’Afrique parle d’elle même
dans son propre langage et que l’on apprenne à l’écouter.
" La redécouverte de l’Afrique par elle-même
passe inévitablement par le dépassement de ces pièges
intellectuels qui occultent la réalité et brident la pensée
comme l’imaginaire :
- dépasser le passé pour vivre libre (je mentionne en
particulier la blessure ouverte de l’esclavage),
- refuser l’assistance qui " développe la mentalité
d’assisté ",
- ancrer les élites dans les réalités locales alors
qu’elles sont aspirées par le discours " mondialitaire
",
- tropicaliser la démocratie,
- construire son propre regard et " marcher debout ". p. 58
" La nécessaire contribution de l’Afrique au progrès
d’un monde déshumanisé se fera grâce à
cette prise de conscience dont chacun tirera bénéfice.
" p. 59
Pour conclure ce chapitre l’auteur se prend à rêver
d’une rencontre animée par le respect mutuel, car "
les masques doivent tomber afin de permettre à l’Afrique
de trouver son autonomie dans la voie qu’elle choisira librement
". p 95.
Chapitre 3 : BESOINS D’AFRIQUE
Si " l’Afrique a un savoir-faire inégalé en
matière de relations de solidarité ", bien des points
sont à examiner, tels les temps et lieux de travail, la nécessité
des déplacements qui en même temps favorise les liens sociaux,
et intensifie les échanges interpersonnels ; la cohésion
du groupe et son économie sont savamment pris en compte. Tout
cela, vertus simples du lien social, est si souvent bousculé,
voire détruit par les projets extérieurs d’une "
économie mondialiste ". p. 103 -105.
Tenir compte de la " très grande capacité de l’Afrique
à créer, innover,… recycler " c’est accueillir
une des facettes de sa solidarité ; la favoriser serait contribuer
à son essor économique et pourquoi pas, interpeller l’occident
dans son inconséquent gaspillage !
Des politologues parlent alors d’économie informelle, et
l’auteur signale que des recherches sont en cours dans les secteurs
de la santé, de l’éducation, des mises en œuvres
paraissent déjà efficaces au service des budgets des villes
africaines.
Le dernier paragraphe des ces pages 107-111 pleines d’espoir intitulées
" l’informel, laboratoire de la modernité " est
à lire et à relire car il fait parler les Africains de
leur réalité réussie évoquant au passage
ces valeurs, je souligne, " le rappeur, la citadinité, la
religiosité, c’est nous. Il n’y a pas à chercher
ailleurs. "
L’étranger et le sens de l’accueil est perçu
par l’auteur dans une dimension que peu d’Européens
imaginent, restant trop souvent au sourire, mais pour ma part j’aurais
aimé qu’elle puisse aller encore plus loin dans la découverte
de la notion " fondatrice " du relationnel : l’étranger
participe de l’altérité, de l’Autre, et de
ses valeurs dont le partage enrichit chacun des partenaires.
L’Harmonie, valeur bien à sa place dans un tel projet,
est elle aussi amputée d’une partie de sa dimension spirituelle,
car est omise la relation aux ancêtres. J’apprécie
aussi l’excellente analyse, résolument concise, que l’auteur
donne la palabre ; là encore je me permets de noter que la dimension
" prise de parole ", ou la " parole confiée ",
ou la " parole apportée ", aurait donné son
plein sens à ce qui régit les rencontres humaines pour
le respect de chacun.
***
J’attendais un quatrième chapitre qui analyse et explicite
davantage les qualités que l’Afrique peut mettre en œuvre
pour " venir au secours de l’humanité " en prenant
toute sa place dans le monde, bien au delà de ses relations avec
le seul Occident, et sans craindre de clamer sa dimension spirituelle,
" sa religiosité ", comme cité plus haut..
Développer le discours de l’annonce de ces valeurs vécues
" dans les rapports humains, à la nature, aux richesses,
au temps et à l’espace " (p. 22.) non pas pour avoir
l’outrecuidance de dire aux Africains avec nos canons à
l’occidental, ce qu’ils vivent comme valeurs, mais pour
dire aux Occidentaux dans un langage qui leur soit audible ce à
côté de quoi ils passent et leur marteler ce qu’ils
détruisent.
Ce livre est remarquable dans ce qu’il dénonce, et dans
ce qu’il annonce. Il ne peut pas être exhaustif car parler
des cultures africaines est un chantier sans fin. C’est donc un
grand merci que nous pouvons adresser à celle qui nous met en
route pour de nouvelles recherches, et une nouvelle découverte
des valeurs africaines. Il est temps pour nous d’apprendre à
les apprécier.