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DEUXIÊME
NIVEAU :
·
La Civilisation l'Or
·
Les poids à peser
l'Or
· L'Organisation
Politique · La
Visibilité du Pouvoir
· Danses
- Musiques et Chants ·
Influences Extérieures
· L'Arrivée
des Européens
La
«Civilisation de l'or»
L'or
est entré il y a fort longtemps dans les circuits de
l'économie africaine, et c'est la quête de ce
métal précieux qui détermina, au moins
en partie, les Arabes puis les Européens à s'intéresser
à l'Afrique. Ne dit-on pas que Kankan Moussa, empereur
du Mali au XIVe
siècle, provoqua une terrible inflation en inondant
le marché du Caire de dix à douze tonnes d'or...
La Côte-de-l'Or (aujourd'hui Ghana), développa
une "civilisation de l'or" qui déborda sur
la Côte-d'Ivoire actuelle à la faveur des migrations
de diverses factions du royaume ashanti. L'or y servait bien
sûr à certaines transactions commerciales, mais
il fut aussi au service de l'idéologie des pouvoirs
en place. Seules les familles nobles pouvaient le posséder
et le faire travailler par les fondeurs. Parallèlement,
des peuples dits du groupe akan créèrent un
système de pesage original, dont le musée présente
une remarquable collection.
Les
Poids à peser l'Or
Ces
poids n'ont pas seulement une fonction pondérale. Que
leurs motifs ornementaux soient abstraits ou figuratifs, ils
sont porteurs de sens. Ainsi, la svastika (croix gammée)
symbolise la dualité des éléments du
monde : mort/vie, bien/mal, mâle/femelle... Des oiseaux
perchés ensemble illustrent le proverbe "Oiseaux
de même plumage s'assemblent", évocation
de la solidarité tribale et familiale ; c'était
d'ailleurs un des emblèmes de la nation ashanti.
Le propriétaire d'une série de ces poids possédait
donc non seulement des objets fonctionnels, mais il disposait
en quelque sorte d'une "bibliothèque" permettant
de mémoriser un savoir quasi encyclopédique.
Moulés selon le procédé de la cire perdue,
les
poids akan à peser l'or étaient étalonnés
au moyen de la petite graine de l'Abrus precatorius, ou parfois
avec les grains de riz non décortiqués.
L'Organisation
Politique
L'organisation
politique varie beaucoup d'une région à l'autre.
En général, les savanes ont été
propices au développement de grands états, alors
que la forêt, où il est plus difficile de circuler
et donc d'entreprendre des conquêtes de grande envergure,
est le domaine des petites unités villageoises.
Mais, dans tous les cas, on retrouve des constantesd: d'une
façon ou d'une autre, le pouvoir est aux mains des
"vieux" et il s'enracine dans la référence
aux ancêtres fondateurs. A partir de là, toutes
les variantes sont possibles, depuis la quasi-anarchie des
populations paléonigritiques jusqu'aux vastes empires
sahéliens, au demeurant fortement marqués par
l'influence de l'islam. Ceux qui détiennent le pouvoir
ne sont pas seulement chargés de conduire les armées
et de maintenir l'ordre : ils doivent aussi faire en sorte
que leur peuple reste en harmonie avec le cosmos, et ils sont
donc investis d'une mission d'ordre religieux. On retrouve
là un des traits caractéristiques de l'âme
africained: l'individu n'existe qu'en référence
au groupe et, plus largement, à l'univers visible et
invisible. Il importe donc que le jeu des règles sociales
favorise cette insertion où le religieux côtoie
naturellement le profane.
Les croyances, les rites, mais aussi la parole et les arts
plastiques ont pour fonction de justifier et de perpétuer
l'ordre établi. Ils sont un langage symbolique difficilement
accessible au non-initié.
La
visibilitè du pouvoir
Les
insignes du pouvoir manifestent quelques aspects de l'idéologie
qui le sous-tend. Ainsi, le parasol rappelle que le roi est
pour son peuple le garant de sa sécurité.
L'éléphant, le lion, le léopard, expriment
la toute-puissance du souverain, alors que le caméléon
évoque la prudence et la circonspection.
Les récades, ou bois de commandement des rois du Dahomey,
sont la stylisation d'une arme traditionnelle. Elles sont
souvent ornées d'un emblème métallique
qui évoque un événement historique majeur.
Après les revers militaires subis par son père,
le roi Gléglé prit pour devise le cadenas, pour
signifier que son royaume serait hermétiquement fermé
aux agressions extérieures. En maints endroits, le
symbole premier du pouvoir est le trône. Les formes
en sont diverses, mais toujours chargées de sens. Chez
les Akan, dont nous parlions plus haut, les trônes des
chefs les plus valeureux sont, après leur mort, consacrés
comme autels pour les sacrifices : ils deviennent alors l'élément
essentiel du "trésor royal" et sont entourés
des soins les plus attentifs. Malheur à celui qui ne
serait pas capable de préserver l'intégrité
de ces tabourets ancestraux ! Il perdrait littéralement
l'assise de son pouvoir et serait immédiatement destitué...
Au niveau de la parole, le recours aux proverbes est une autre
façon de signifier le pouvoir, car celui qui maîtrise
le symbolisme du verbe n'est pas seulement un habile orateur
; il dispose d'une arme terriblement efficace ! En quelques
mots, il est capable de mettre fin à une interminable
palabre.
Danses
- Musiques
- Chants
La
musique constitue l'un des aspects essentiels de l'expression
artistique en Afrique Noire. D'ailleurs, bien avant les œuvres
sculptées, elle a attiré l'attention des voyageurs
européens qui, très tôt, ont reconnu l'aptitude
des Africains à s'exprimer sur ce mode. Bien que cela
ne soit pas un absolu, il est vrai qu'en Afrique la danse
se trouve souvent associée à la musique : il
suffit de quelques mesures pour que, spontanément,
les corps se mettent dans le rythme...
Si les chants, sous certaines formes, ont un rôle purement
ludique, les plus souvent ils ont une puissante force évocatrice.
Les complaintes funèbres retracent la vie du défunt
et rappellent les exploits des ancêtres. Les berceuses
sont pour les femmes l'occasion d'exprimer leur amour maternel
et leur fierté d'être mères. Les danses
nocturnes des jeunes filles, parfois très réalistes,
font partie du cycle de l'éducation sentimentale. Les
épopées chantées par les griots, où
le mythe rejoint la réalité, relatent les événements
marquants de l'histoire d'un peuple et magnifient le pouvoir
en place.
Le chant, la musique et la danse sont donc un langage souvent
symbolique, ce qui nous amène à constater, une
fois de plus, qu'en Afrique l'art pour l'art n'existe pas
: il est toujours subordonné à une idéologie
ou à une nécessité du moment.
Les instruments de musique sont fort variés. Mais l'essentiel
d'un orchestre traditionnel est constitué d'instruments
de rythme de formes et de matières très diverses
: hochets, sonnailles, bracelets à grelots et toutes
sortes de tambours dont certains sont les fameux "tam-tams
parleurs".
Ces derniers, dont le langage n'est plus aujourd'hui compris
que par les anciens, servaient surtout dans le cadre des rites
traditionnels, au cours desquels ils distillaient les louanges
des notables et déclinaient les événements
les plus significatifs de l'histoire locale.
Les instruments à corde abondent : le plus connu est
la cora, sorte de grande harpe utilisée dans les régions
soudaniennes. On peut aussi mentionner l'arc musical, plus
commun en forêt.
Le xylophone, appelé "balafon" en Afrique
de l'Ouest, est le plus souvent constitué de lames
taillées dans un bois spécial et assemblées
sur un châssis supportant des calebasses servant de
résonateur.
Pour la sanza, les cordes sont remplacées par des lamelles
de bois ou de métal fixées sur une caisse de
résonance. Les instruments à vent les plus courants
sont les olifants fabriqués à partir de défenses
d'éléphants ou de cornes d'antilopes. Mais on
trouve aussi des cuivres et toutes sortes de sifflets de bois
ou de métal.
La musique traditionnelle est encore bien vivante en Afrique
et elle ne cesse d'influencer des productions plus modernes,
bien au-delà des limites du continent.
Influences
Extérieures
Les
influences extérieures en Afrique sont très
anciennes, et si certaines ont été bien assimilées,
d'autres ont provoqué des bouleversements et des traumatismes
indélébiles.
Il est fort probable que, dès l'Antiquité, le
continent ait eu des relations avec le reste du monde à
travers la Nubie et l'Egypte : des analogies culturelles militent
en faveur de cette thèse.
A la fin du VIIe
siècle de notre ère, l'islam entame ses premiers
contacts par les routes caravanières qui sillonnent
le Sahara. Ce sont les commerçants arabes qui vont
répandre pacifiquement cette nouvelle religion dans
les régions sahéliennes et soudaniennes ; mais
ils n'oseront pas s'aventurer dans la grande forêt.
L'islam a causé la chute de certains états animistes,
comme le Ghana, et il a suscité l'émergence
de nouveaux empires qui ont vu s'épanouir une civilisation
originale (par exemple le Mali). Des cités comme Tombouctou
ou Djenné sont alors devenues de grands centres intellectuels.
Aujourd'hui, les musulmans représentent environ un
quart de la population du continent. Même si un certain
nombre d'entre eux s'accommodent d'un certain syncrétisme
religieux, il faut reconnaître que la culture traditionnelle
n'est pas sortie indemne de cette rencontre. Ceci est particulièrement
vrai pour les arts plastiques, puisque l'islam n'admet pas
la représentation de l'image divine ou humaine.
L'arrivée
des Européens
Les
Européens ont attendu la fin du XVe
siècle pour que, les progrès de la navigation
aidant, leurs navires puissent doubler les côtes mauritaniennes
et explorer le littoral africain. Ils ne découvriront
l'intérieur du continent qu'à partir du XIXe
siècle, ces explorations étant le prélude
à la véritable conquête coloniale lancée
par "La Conférence de Berlin" qui, en l884-1885,
consacra le partage de l'Afrique entre les grandes puissances
européennes.
Tout comme les musulmans, les Européens se sont intéressés
à l'Afrique, essentiellement pour des raisons mercantiles.
Eux aussi développèrent la traite négrière
qui ne disparut qu'à la fin du siècle dernier,
et dont on ne finirait pas de détailler les conséquences
funestes... L'occupation coloniale modifia profondément
la carte du continent et provoqua la déstabilisation,
semble-t-il définitive, des sociétés
traditionnelles.
Après
quelques tentatives éphémères aux XVIe
et XVIIe
siècles,
Les Missions chrétiennes prirent leur
essor dans le cadre de l'entreprise coloniale. Parmi les premiers
missionnaires, rappelons Mgr de Brésillac, le Fondateur
de la SMA et ses premiers compagnons décédés
à Freetown en 1859, le père Francesco Borghero
en 1861, au Bénin, Mgr Mathieu Ray en 1895 en Côte-d'Ivoire.
Parallèlement à leur action spirituelle, les
Missions jouèrent un rôle fondamental dans les
domaines de la scolarisation et de la santé. Aujourd'hui,
l'immense majorité de ces Eglises chrétiennes
est dirigée par des nationaux, mais de nombreux missionnaires
y travaillent encore. L'Eglise catholique cherche activement
les voies et les moyens d'une inculturation de l'Evangile
en Afrique : il s'agit de permettre aux chrétiens de
ces régions d'exprimer leur foi avec le langage propre
à leur culture. Les objets d'art chrétien exposés
dans ce musée témoignent que ce souci ne date
pas d'aujourd'hui puisque, pour la plupart, ils sont du premier
quart de XXe
siècle.
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